Nouvelles brèves

Messages aux adolescents

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a regroupé sous un seul chapeau tous ses messages destinés aux jeunes de 11 à 17 ans, qu’ils portent sur le tabagisme, les MTS, le jeu excessif, les agressions sexuelles ou la détresse. Le 12 octobre, à l’école Mont-Royal du quartier montréalais du même nom, la ministre déléguée Agnès Maltais procédait au lancement de la campagne Parler, c’est grandir, dotée d’un budget de 45 millions $ sur trois ans. Les messages de prévention seront livrés aux adolescents par le biais de sites Internet, d’affiches, d’annonces radiophoniques ou télévisées et, dans les écoles, de pièces de théâtre et des animations.

Le volet tabac comporte notamment une nouvelle annonce télé, où des jeunes suggèrent à leur père fumeur d’« allumer » (dans le sens de comprendre et d’éteindre sa cigarette), alors qu’il venait de les entraîner à faire du vélo au lieu de flâner devant des jeux vidéo.

Questionnée par Info-tabac, la ministre Maltais a révélé qu’une programmation antitabac pour adultes allait être bientôt dévoilée. Elle dit ignorer si la stratégie de la dénormalisation sera utilisée, notre culture étant différente de celle des Américains. Cette stratégie consiste à mettre en lumière les méfaits de l’industrie du tabac et de ses produits, plutôt que de jeter le blâme sur le fumeur. Le lendemain du lancement, Mme Maltais a rencontré des jeunes de la Gang allumée pour une vie sans fumée afin de sonder leur opinion sur la prévention du tabagisme.

Revers canadien aux États-Unis

Dans une cause portant sur la contrebande des cigarettes, le gouvernement canadien a subi un revers navrant, le 12 octobre, lorsqu’une cour d’appel américaine a entériné un jugement inférieur, donnant raison aux avocats de R.J. Reynolds Holdings. En décembre, cette cour a finalement refusé de reconsidérer son verdict devant un panel complet de ses 13 juges. Le fabricant était accusé d’avoir provoqué des pertes fiscales importantes au gouvernement fédéral, en créant un réseau de contrebande au début des années 1990 – essentiellement avec sa marque Export‘A’. Rappelons qu’en juin 2000, le juge Thomas McAvoy avait initialement rejeté cette plainte, alléguant que, selon une règle du XVIIIe siècle, le Revenue Rule, les tribunaux américains ne peuvent accueillir de requêtes relatives aux revenus fiscaux des autres pays.

L’impact du jugement est considérable puisque le Canada estime ses pertes à un milliard US $ et que d’autres pays cherchent aussi à poursuivre des cigarettiers américains pour incitation à la contrebande, tels le Belize, le Honduras, l’Équateur et même dix membres de l’Union Européenne. Face à cet échec, le gouvernement canadien pourrait porter appel en Cour suprême des États-Unis, tenter un nouveau procès au Canada, ou encore simplement abandonner la cause.

Salon Maternité-Paternité

L’Alliance pour la lutte au tabagisme et la Direction de la santé publique de la région de Québec ont en mai dernier, pour la première fois, pris part au Salon Maternité-Paternité. Leur kiosque portait sur la prévention du tabagisme chez les enfants, la cessation, de même que les méfaits de la fumée de tabac. « Nous avons constaté que l’intérêt et les besoins d’information sont vastes. Même les grands-parents se montraient intéressés, pour eux comme pour leur descendance. Ce genre d’interaction avec la communauté devrait faire partie des activités de contrôle du tabagisme », indique l’organisatrice Chantal Levesque, que l’on peut joindre au (418) 666-7000, poste 503#. En fait, le kiosque a manqué de matériel. Réunissant 91 exposants, le Salon a attiré plus de 40 000 visiteurs. L’expérience sera renouvelée à la 9e édition, du 16 au 19 mai 2002 aux Galeries de la Capitale.

Enseignement antitabac

L’Université Laval enseigne maintenant le contrôle du tabac. Le cours de deuxième cycle, valant 3 crédits, est donné par Fernand Turcotte, professeur de santé publique et intervenant indéfectible de la lutte antitabac, et par Chantal Levesque de la Direction de la Santé publique de Québec. Ils seront secondés par Jean-François Gaboury, qui consacre au tabagisme sa maîtrise en santé communautaire. De manière à faciliter l’inscription des étudiants qui ne résident pas à Québec, l’enseignement est entièrement disponible par Internet; un examen final aura lieu en salle à la fin du trimestre, près du domicile de chacun.

Pour la session inaugurale de cet hiver, où l’on attend une vingtaine d’étudiants, la date limite d’inscription a été reportée au 13 janvier. En contraste avec l’enseignement en tabacologie donné à Paris par l’équipe de Robert Molimard et doté d’une forte composante clinique, le cours québécois s’attarde plutôt aux dimensions « santé publique » de la lutte au tabagisme, dont les manoeuvres déloyales des fabricants. Le cours s’intitule d’ailleurs Contrôle du tabagisme : problèmes et perspectives (SAC-66164). En ligne, on peut se renseigner à www.ulaval.ca, ou en écrivant au Dr Turcotte, à Fernand.Turcotte@msp.ulaval.ca

Symposium sur la fumée

Lancé conjointement par les divisions régionales de la Société canadienne du cancer, de la Fondation des maladies du coeur et de l’Association pulmonaire, le Clean the Air Coalition/BC (Coalition pour assainir l’air en Colombie-Britannique) travaille fort. Il milite pour que le gouvernement provincial respecte le controversé règlement du Workers’ Compensation Board qui étend, aux bars et aux restaurants, l’interdiction de fumer en vigueur dans les autres lieux de travail. Peu enthousiaste devant cette mesure qu’il a reportée au 30 avril 2002, le ministère du Travail attend les recommandations d’un comité de six députés formé à cet effet.

Pour sensibiliser davantage l’opinion publique et le gouvernement, la Coalition recevait à Vancouver, les 1er et 2 octobre, un symposium international sur la fumée de tabac ambiante. Qu’ils soient experts du domaine du tabac, spécialistes en santé publique ou simples travailleurs du secteur de l’« hospitalité » (bars et restaurants), les conférenciers furent unanimes à reconnaître que la fumée des autres est dommageable, et que seule l’interdiction de fumer peut protéger adéquatement le public et les employés. Publié par la Coalition, le bulletin Outlook de septembre-octobre résume plusieurs des exposés du symposium. Il est disponible en format PDF à www.cleanaircoalitionbc.com. Tristement, aucun des six élus devant se pencher sur le problème n’a mis les pieds à cette rencontre si appropriée, ni même envoyé un représentant.

Actualité sur le web

Depuis que le Tobacco News Online de Stan Shatenstein ne surveille plus quotidiennement l’actualité tabagique sur Internet, et suite au ralentissement de notre bulletin Info-tabac, il est difficile d’obtenir des nouvelles récentes sur le contrôle du tabac. La source la plus rapide demeure le site Internet du Centre national de documentation sur le tabac et la santé, à Ottawa. Grâce aux bons soins virtuels de Suzy McDonald, d’Hélène Francoeur et de Claudine Chapeau, une page de nouveautés présente sur une base presque quotidienne, depuis avril dernier, des communiqués de presse, articles de médias, et autres documents rendus publics. Chaque sujet est brièvement résumé dans les deux langues.

Le site Internet offre aussi des sections permanentes traitant de la cessation, de la législation, de la dénormalisation, de l’industrie, de la fumée ambiante et des ressources externes. Les domaines de la taxation et de la prévention sont néanmoins en construction. Un moteur de recherche complète l’ensemble. Que les demandes proviennent par Internet, par téléphone ou par visites à la bibliothèque, l’Ontario s’avère le principal utilisateur du Centre national. C’est du Québec que se manifeste ensuite le plus grand intérêt, suivi de la Colombie-Britannique. Ce service d’information unique est la principale activité du Conseil canadien pour le contrôle du tabac, que l’on peut joindre au (613) 567-3050 ou au 1-800 267-5234.

Loi canadienne contestée

C’est finalement le 14 janvier en matinée que débuteront, en Cour supérieure du Québec, les audiences sur Loi sur le tabac du Canada, dont les fabricants de cigarettes contestent la validité. En salle 15.03 du Palais de Justice, à Montréal, le juge André Denis, en remplacement de sa collègue Danièle Grenier, entendra les premiers témoins de l’industrie.

Tim Hortons sans fumée

La chaîne de cafés-restaurants Tim Hortons devancera bientôt les MacDonald’s en matière de protection des non-fumeurs. En juillet prochain, ses quelque 200 succursales du Québec seront toutes devenues, soit totalement sans fumée, soit non-fumeurs avec salon cloisonné et ventilé pour les fumeurs. Pour des raisons d’économie ou de santé, la plupart des nouveaux franchisés n’aménagent pas de tels salons vitrés, révèle Chantal Cossette, directrice régionale du marketing. Cette politique de Tim Hortons ne semble pas nuire aux affaires, même dans la belle province. « Lorsque nous fermons la section fumeur d’une succursale, nous recevons quelques plaintes, le chiffre d’affaires baisse pour une ou deux semaines, mais la clientèle se refait rapidement par la suite, notamment auprès des non-fumeurs. Nous avons choisi de ne pas exposer nos produits alimentaires à la fumée et d’offrir un environnement sain », indique Mme Cossette.

La chaîne, qui était bien implantée en régions, ouvre maintenant des succursales au centre-ville de Montréal, lesquelles sont toutes non-fumeurs. Quant au géant McDonald’s, qui avait agréablement étonné en interdisant de fumer dans ses restaurants corporatifs dès 1994, il laisse toujours ses franchisés agir à leur guise, et la majorité d’entre eux, au Québec, maintiennent une section fumeur sans cloisons.