Nouvelles brèves

Pas de progrès à Genève

Si le projet de convention-cadre antitabac de l’Organisation mondiale de la santé avançait à grands pas, comme en témoignait la une du dernier Info-tabac, il a plutôt piétiné lors de la deuxième séance de négociations, tenue à Genève du 30 avril au 5 mai. Le Brésilien Celson Amorim, qui présidait les pourparlers, a reconnu l’absence de progrès, les délégations se contentant de commenter le texte proposé, plutôt que d’en négocier les termes. Il dit espérer que le traité puisse malgré tout entrer en vigueur en 2003, tel que prévu.

La délégation américaine a été accusée de vouloir affaiblir la convention-cadre sur de nombreux sujets cruciaux – pour peut-être éventuellement ne même pas la ratifier. Les émissaires de l’administration Bush ont notamment dénigré les mesures visant à éliminer les appellations trompeuses, à mettre fin aux ventes hors taxes et à protéger les non-fumeurs, un domaine où les États-Unis sont pourtant à l’avant-garde. Clive Bates, de l’association anglaise ASH, a déclaré qu’il serait préférable que les Américains se retirent des négociations et poursuivent leur politique de l’autruche chez eux. L’Association pulmonaire américaine et Campaign for Tobacco Free Kids ont aussi émis, conjointement, un communiqué très dur dénonçant l’attitude négative de leur pays.

Ventes aux mineurs

Au Canada, c’est au Québec que les détaillants vendent le plus facilement des cigarettes aux mineurs. Selon une enquête de la firme AC Nielson, réalisée pour Santé Canada et dévoilée en mai, seulement 47 % des détaillants québécois respectaient l’interdiction de vendre aux mineurs en 2000, comparativement à 65 % l’année précédente. Les taux des neuf autres provinces se situaient entre 67 et 88 %, en progression générale depuis un an. La ville de Québec bat tous les records de désobéissance : seulement 18 % de ses dépanneurs respectent la loi.

« C’est aberrant de constater que plus de la moitié des commerçants au Québec ne respectent pas une loi interdisant la vente aux mineurs d’un produit mortel. Les détaillants québécois ne prennent évidemment pas la santé des jeunes au sérieux », a déploré Louis Gauvin, coordonnateur de la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac.

De toute évidence, le système d’inspection de Santé Canada et la campagne « Opération carte d’identité » des fabricants n’impressionnent guère nos dépanneurs. Fort d’une équipe d’une vingtaine d’inspecteurs basés à Longueuil et à Québec, Santé Canada a pourtant émis pour près de 400 000 $ de contraventions en 2000 au Québec. Selon François Damphousse, de l’ADNF, seule la perspective du retrait du permis de vente de tabac, amènerait les détaillants à corriger leurs habitudes.

Fin des « légères » en Europe

À Strasbourg le 14 mai, le Parlement européen a adopté une nouvelle réglementation concernant la fabrication, la présentation et la vente des produits du tabac. À compter du 30 septembre 2003 seront interdites les mentions telles que « douces », « légères » ou « low tar », donnant l’impression qu’un produit du tabac est moins nocif que les autres. Aussi, en janvier 2004, la teneur des produits vendus en Europe ne pourra pas dépasser 10 mg de goudron, 1 mg de nicotine et 10 mg de monoxyde de carbone par cigarette.

Le changement le plus visible concerne les avertissements sanitaires, obligatoires dès le 30 septembre 2002. Couvrant 30 % du recto et 40 % du verso de chaque paquet, les messages seront très clairs, comme « Fumer nuit gravement à votre santé et à celle de votre entourage ». Une commission adoptera des dispositions sur l’utilisation de photographies ou d’illustrations en couleur. Ces directives touchent les 15 pays membres de l’Union européenne, totalisant 375 millions d’habitants, dont l’Allemagne, la France, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Espagne.