Moins de cigarillos vendus en 2009

En 2009, le nombre de « petits cigares » vendus au Canada a diminué pour la première fois depuis 2001.

La baisse est particulièrement nette au Québec et en Ontario. La chute ne peut pas être attribuée aux dispositions sur les petits cigares contenues dans la Loi restreignant la commercialisation du tabac auprès des jeunes de 2009. L’interdiction de plusieurs additifs aromatisants dans les cigarettes et les petits cigares, de même que l’exigence de vendre ces derniers en paquets de 20, ne sont entrées en vigueur que par étapes et en 2010. Les clauses de la loi ontarienne qui réglemente la vente des cigarillos et les arômes ne sont pas non plus entrées en application avant l’été 2010. De plus, le volume des ventes n’a pas cessé d’augmenter dans l’ensemble des huit autres provinces.

Le fédéral a interdit la plupart des additifs aromatisants dans les cigarettes et les cigarillos. Néanmoins, cette mesure de 2010 a été aussitôt contournée par l’introduction de nouveaux petits cigares sans filtres et un peu plus lourds.

Rob Cunningham, analyste principal des politiques pour la Société canadienne du cancer (SCC), considère « encourageants » le plafonnement en 2009 de la consommation de cigarillos et la réduction enregistrée en Ontario et au Québec. Cunningham croit que la disparition des étalages de produits du tabac dans les points de vente des deux plus grosses provinces canadiennes, après le 31 mai 2008, a contribué à réduire les achats impulsifs, particulièrement ceux de petits cigares. Même si le volume des ventes de cigarillos recommençait à augmenter en 2010, le fait que les produits du tabac soient maintenant soustraits à la vue du public limiterait cette expansion, croit Cunningham. L’expert de la SCC se demande si une réglementation exclusivement québécoise pourrait avoir eu un impact additionnel. Au Québec, depuis le 24 juillet 2008, les produits du tabac doivent être vendus en emballages d’un minimum de 10 unités, à moins que, dans le cadre d’une même vente, le montant payé par un consommateur pour l’achat d’un ou de plusieurs produits du tabac, autres que des cigarettes, soit supérieur à 5 $ (montant relevé à 10 $ le 1er juin 2009).

Tout en partageant les vues de Rob Cunningham, Mario Bujold, directeur général du Conseil québécois sur le tabac et la santé, ajoute que l’attention accordée depuis plusieurs années à la consommation de cigarillos par les groupes pro-santé au Québec a pu contribuer plus qu’ailleurs au Canada à briser le mythe que ces produits étaient moins nocifs que les cigarettes. Dès l’Enquête québécoise sur le tabac, l’alcool, la drogue et le jeu chez les élèves du secondaire de 2008, sortie en novembre 2009, l’Institut de la statistique du Québec constatait un recul significatif (de 21,6  à 17,6 %) de la prévalence de l’usage du cigarillo chez les adolescents.

Pierre Croteau