Mobilisation des professionnels de la santé

Les médecins, dentistes, pharmaciens et autres professionnels de la santé ont un rôle à jouer dans le counseling en abandon du tabac. Ce rôle prend de l’ampleur grâce au soutien de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et à l’engagement des ordres professionnels.

Le tabac est l’une des causes majeures des maladies coronariennes. À priori, un pharmacien qui conseille son client sur des médicaments cardiovasculaires devrait donc aussi lui parler de tabagisme. Bref, les professionnels de la santé doivent être au cœur du counseling en abandon du tabac et ce, pour deux grandes raisons, dit Michèle Tremblay, médecin-conseil à l’INSPQ. « Dabord, la majorité des gens consulte au moins un de ces professionnels chaque année, qu’il s’agisse d’un pharmacien, dun médecin ou d’un dentiste; ensuite, ceux qui fument les consultent fréquemment pour un problème de santé causé ou aggravé par le tabac. »

Un projet de longue haleine

Pour s’attaquer au tabagisme, les professionnels doivent toutefois accéder à des formations et des outils sur le counseling en abandon du tabac. Et cela ne se fait pas en criant… tabac, montre une enquête de Michèle Tremblay parue fin 2012.

Cela fait près de dix ans que la Dre Tremblay collabore avec les ordres professionnels au dossier du tabac. Elle poursuit un double objectif : que le counseling en abandon du tabagisme devienne un réflexe chez les professionnels de la santé et qu’ils aient les compétences et les outils pour intervenir. En 2004, le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a invité les ordres à mobiliser leurs membres sur l’importance du counseling en abandon du tabac en collaboration avec l’INSPQ. « À cette époque, nous avons développé environ 75 outils avec eux, dont des formations, des orientations cliniques et des outils d’aide à la pratique », explique Dre Tremblay.

Regards sur un partenariat fructueux, publié en 2011, détaille à la fois leur démarche et les activités développées. un an plus tard, en 2012, sept ordres professionnels se sont engagés publiquement à « encourager leurs membres à faire de la lutte contre le tabagisme une priorité d’intervention ». Pour Michèle  Tremblay, « il s’agit d’un engagement fort des ordres à poursuivre leurs efforts pour motiver, sensibiliser et accompagner les fumeurs dans leur démarche de renoncement au tabac ». Une publication récente de la Dre Tremblay – issue d’une étude de 2010 – examine les outils et les formations dont ont besoin les infirmières, les inhalothérapeutes, les pharmaciens, les dentistes et les hygiénistes dentaires. Cette étude évalue aussi la connaissance et l’appréciation de ces professionnels pour les outils et formations développés pour eux.

Des ordres aux besoins semblables

L’enquête de Michèle Tremblay et son équipe s’appuie sur les réponses d’environ 1300 professionnels. Les outils d’abandon du tabac les plus désirés demeurent, tout comme en 2004-2005, « la documentation éducative pour les fumeurs de même qu’un inventaire des ressources disponibles », indique le rapport de l’INSPQ. une majorité de professionnels se dit aussi intéressée par des lignes directrices en matière de counseling en arrêt tabagique, des affiches incitant les fumeurs à demander de l’aide pour cesser de fumer et une formation en ligne sur l’entretien motivationnel ou le counseling en abandon du tabac. De plus, les pharmaciens rêvent d’« outils d’aide à la pratique sur les aides pharmacologiques »; les infirmières, d’un « outil d’aide à la pratique permettant d’intervenir rapidement auprès des fumeurs ». Parfois, ce qu’ils souhaitent existe déjà. Par exemple, des lignes directrices sur le renoncement au tabagisme ont été publiées récemment par le réseau de recherche CAN-ADAPTT. « Elles restent toutefois méconnues, dit Michèle Tremblay. Il faut donc les publiciser davantage. » Et, bien sûr, développer les outils qui manquent encore et dont rêvent ces professionnels…

Anick Labelle