Ligne J’arrête : 85 000 appels en cinq ans

Le 16 janvier 2002, le téléphone sonnait pour la toute première fois à la Ligne J’arrête. Cinq ans et quelque 85 000 appels plus tard, environ 53 000 personnes ont utilisé ce service de soutien bilingue pour cesser de fumer, aider un proche à y arriver, obtenir de l’information sur le tabagisme ou se renseigner sur le Défi « J’arrête, j’y gagne ».

Si, avec le temps, le numéro à composer a parfois changé (maintenant le 1-866-J’ARRÊTE, ou 1-866-527-7383), l’approche personnalisée et confidentielle qu’on y retrouvait au départ, elle, est toujours au rendez-vous.

Actuellement, 13 employés (dont six à temps plein) oeuvrent à la Ligne. Après avoir reçu une formation de base, ces trois hommes et dix femmes suivent un programme de perfectionnement continu qui peut varier d’attestations auprès de Suicide-Action à des conférences motivationnelles ou des ateliers sur la psychologie et les relations d’entraide.

Ce service, offert gratuitement à la population, est en opération du lundi au jeudi de 8h à 21h et le vendredi de 8h à 20h. Il est financé par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), et géré conjointement par la division québécoise de la Société canadienne du cancer, qui fournit locaux et personnel, et le Conseil québécois sur le tabac et la santé, qui se charge de sa promotion et d’une partie de la formation.

Qui appelle?

Toujours plus nombreuses que les hommes à téléphoner, les femmes comptent pour 66 % des appels de l’an dernier. Les gens de 40 ans et plus représentent les principaux usagers du service alors que 23 % des sollicitations proviennent des 40 à 49 ans, 20 % des 50 à 59 ans et 9 % des 60-69 ans. Peut-être moins portés à se faire aider, les jeunes adultes de 20 à 29 ans représentent à peine 11,5 % de la « clientèle », tandis que les 30-39 les surpassent de peu, avec 14,5 %. Enfin, les mineurs (1,5 %), les 18-19 ans (1 %) et les 69 ans et plus (3 %) ne constituent qu’une infime partie des utilisateurs. (Notez que 16,5 % des personnes qui ont appelé n’ont pas fourni leur âge.)

Et si, en cette « ère des nouvelles technologies », parler à un autre être humain peut en intimider certains, il est possible de clavarder en direct ou encore de communiquer par courriels avec les agents de la Ligne J’arrête, via le www.jarrete.qc.ca.

Aide aux fumeurs

La plupart des appels logés (80 %) proviennent de personnes qui veulent obtenir des conseils pour cesser de fumer. « D’abord, on discute avec elles pour savoir quel a été leur cheminement jusqu’à maintenant et quel type de soutien elles souhaitent recevoir », explique la nouvelle coordonnatrice du service, Isabelle Éthier. (En poste depuis le 3 janvier, elle remplace Sylvie Foucault, qui gérait la Ligne depuis mai 2003.) La durée des appels peut varier de 15 à 30 minutes, dépendamment s’il s’agit d’une intervention brève ou complète.

À ceux et celles qui ont déjà amorcé leur processus d’abandon ou qui prévoient le commencer dans les 30 jours, les intervenants proposent un suivi. « En théorie, les gens ont droit à huit appels pendant les moments clés de l’arrêt tabagique, mais on peut toujours s’adapter si on sent que la personne a besoin d’un coup de pouce supplémentaire », précise Mme Éthier.

En 2006, environ 3 % des requêtes ont été effectuées par des personnes qui désiraient obtenir des conseils pour aider un proche à arrêter de fumer. « Souvent, elles veulent savoir quoi dire au bon moment ou encore comment encourager quelqu’un à persévérer dans sa démarche, expose la coordonnatrice. Cependant, il arrive qu’on nous demande de contacter un fumeur pour le convaincre d’arrêter ou encore de lui envoyer de la documentation. Dans ces cas-là, on explique qu’on n’est pas là pour faire pression sur des gens qui n’ont pas sollicité notre soutien. »

À l’heure actuelle, il est impossible de déterminer le nombre de fumeurs que la Ligne J’arrête a guidé vers l’abstinence complète. L’efficacité du service n’a pas encore été évaluée par l’Institut national de santé publique du Québec à qui cette tâche a été confiée.

Un coffre à outils S.V.P!

Parmi les anecdotes cocasses survenues depuis que la Ligne est en opération, Isabelle Éthier raconte que lors de la campagne de promotion des services gouvernementaux intitulée « le coffre à outils », certaines personnes pensaient qu’elles allaient recevoir un vrai coffre – renfermant entre autres des aides pharmacologiques – par la poste. Rappelons que cette publicité du MSSSQ avait pour but d’inciter les fumeurs à faire appel à la Ligne et au Site Internet J’arrête de même qu’aux Centres d’abandon du tabagisme.

Josée Hamelin