Les milieux sans fumée incitent les fumeurs à écraser

Les fumeurs qui travaillent dans des environnements sans fumée consomment environ cinq cigarettes de moins par jour que ceux qui oeuvrent dans des endroits où l’usage du tabac est permis, indique une étude de l’Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario (Ontario Tobacco Research Unit, OTRU), dont les résultats ont été présentés lors de l’International Congress of Behavioral Medicine, qui avait lieu en Allemagne, à la fin août 2004.

« Habituellement, la raison qui est la plus souvent évoquée pour justifier les interdictions de fumer dans les lieux de travail est qu’il faut protéger les non-fumeurs, ce qui est une raison louable et importante, observe le Dr Thomas Stephens, un des principaux chercheurs de l’OTRU. Ce que l’étude actuelle nous indique, c’est que ces interdictions sont également bénéfiques pour la santé des fumeurs. »

Plusieurs personnes pensent, à tort, que lorsqu’ils sont confrontés à des milieux sans fumée, les fumeurs ont tendance à compenser en fumant davantage le midi, durant les pauses, ou après le travail. Selon le Dr Stephens, nombre d’entre eux vont plutôt en profiter pour diminuer leur consommation de tabac ou cesser de fumer.

Moins de fumeurs dans les lieux exempts de fumée

Basée sur les données 2001 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – une recherche effectuée tous les deux ans par Statistique Canada – l’étude s’est concentrée sur un échantillon de 66 112 travailleurs de 20 à 64 ans, incluant 17 700 fumeurs, qui consomment une moyenne de 17 cigarettes par jour. Ce groupe représente, de manière assez juste, l’ensemble des salariés canadiens.

Dans les milieux où l’usage du tabac était permis en 2001, 40 % des travailleurs étaient des fumeurs consommant en moyenne une vingtaine de cigarettes par jour. Moins propices au tabagisme, les lieux de travail interdisant la cigarette comptaient seulement 18 % de fumeurs, inhalant en moyenne 15,4 cigarettes chaque jour. Enfin, les établissements où l’usage du tabac était confiné à des endroits bien précis, comme par exemple des fumoirs, employaient environ 33 % d’adeptes de la nicotine, fumant quotidiennement 17,5 cigarettes.

L’analyse effectuée atteste qu’il existe un lien très étroit entre le comportement des fumeurs et les interdictions de fumer dans leurs lieux de travail. Ainsi dans les lieux de travail totalement sans fumée, on retrouve moins d’adeptes de la nicotine et les employés fumeurs consomment moins de cigarettes par jour que la moyenne des salariés canadiens.

L’OTRU

L’Unité de recherche sur le tabac a été fondée en 1993, grâce à l’appui financier du ministère de la Santé et des Soins de longue durée de l’Ontario. En plus d’effectuer des recherches, elle supervise et évalue les programmes et politiques visant à contrer le tabagisme dans cette province. Rattachée à l’Université de Toronto, l’OTRU est soutenue par le Département des sciences de la santé publique qui lui fournit, entre autres, des équipements et l’expertise de ses professionnels. Les universités d’Ottawa et de Waterloo, de même que le Centre de toxicomanie et de santé mentale, comptent parmi ses commanditaires.

Josée Hamelin