Les 50 capsules télé de la Semaine sans tabac séduisent les Québécois

Avec une moyenne de quelque 26 heures par semaine assis devant leur téléviseur, les Québécois n’ont pas manqué de conseils pour arrêter de fumer lors de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac, du 19 au 25 janvier.

L’élément fort de cette campagne, cette année, consistait en 50 témoignages télévisés sur la cessation, livrés bénévolement par autant de comédiens, animateurs et autres artisans de la télévision. Neuf chaînes de télé québécoises ont coopéré à ces capsules, en facilitant le recrutement des artistes et en offrant le temps d’antenne gracieusement ou à taux très réduits. Le tout fut orchestré en un temps record par la firme de marketing Pub Point Com et son président Alain Vinet, à la demande du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS), coordonnateur de la Semaine. Cette campagne étant terminée, les adeptes de la nicotine et du petit écran ne sont pas en reste, car ils s’abreuvent maintenant de fréquentes annonces de Nicoderm, de Nicorette, du Défi « J’arrête, j’y gagne! » et de Martin, le fumeur de Santé Canada qui, au grand froid, décrit sa dépendance.

Les commentaires entendus sur la série de témoignages furent unanimes à louer l’intelligence, l’envergure et la pertinence de cette initiative qui démontre bien que le tabagisme n’est plus un sujet tabou. Chroniqueuse au Journal de Montréal, Marie Plourde a qualifié la cigarette de « plus grande star de la télé et des journaux en ce moment », tellement la campagne du CQTS en a mis plein la vue. « Bravo aux concepteurs de la campagne  J’arrête pour moi qui ont visé en plein dans le mille », résume-t-elle en espérant que son propre amoureux réussira son sevrage. Pour sa part, le caricaturiste du Soleil de Québec, André-Philippe Côté, y est allé d’un croquis de première page illustrant l’intensité de la campagne : six fumeurs adultes se cachant dehors sous un perron pour griller leur cigarette, avec pour seule légende « Semaine québécoise pour un avenir sans tabac… ».

Lancement avec le Défi

De concert avec le Défi « J’arrête, j’y gagne! » qui débutait son recrutement, la semaine sans tabac fut lancée le 16 janvier à l’hôtel Château Champlain de Montréal. Malgré la variété des allocutions et des annonces, les médias portèrent surtout leur attention sur la série de témoignages à laquelle ils ont eux-mêmes collaboré. Seuls Info-tabac et la Presse Canadienne sont restés jusqu’à la fin pour poser quelques questions aux conférenciers de la table d’honneur, soit Denis Drouin, cadre au ministère de la Santé du Québec, Gilles Pineau d’Acti-Menu, initiateur du Défi, Mario Bujold, directeur du CQTS, la comédienne Mireille Deyglun, porte-parole de la Semaine, et la députée libérale d’Ahuntsic, Eleni Bakopanos, représentant la ministre fédérale Anne McLellan.

Mario Bujold et Mireille Deyglun ont rappelé que la Semaine était le fruit de la collaboration d’une multitude d’organismes (dont les 18 directions régionales de santé publique), lesquels présentèrent des activités de sensibilisation ou ont facilité la diffusion du matériel promotionnel. La plupart des chaînes de pharmacies ont également fait honneur à l’affiche officielle dans leurs succursales. Quant au site Web du Conseil, au www.cqts.qc.ca, il fut l’hôte du calendrier des activités et du traditionnel concours de réflexion qui a reçu 1 200 participations, soit le triple de l’an dernier.

Grâce à la débrouillardise du CQTS et à l’appui financier du Ministère, la Semaine québécoise est devenue encore plus importante et attrayante que son vis-à-vis pancanadien, la Semaine nationale sans fumée. Selon un sondage de Léger Marketing, pas moins de 73 % des Québécois ont entendu parler de la semaine sans tabac, comparativement à 50 % l’an dernier. L’épineux problème du Conseil maintenant : comment faire aussi bien en 2004!

Objectif de 30 000 inscriptions

La Semaine québécoise leur servant de tremplin, les organisateurs du Défi « J’arrête, j’y gagne! » se sont donné pour objectif l’inscription de 30 000 fumeurs qui, à l’aide d’un parrain ou d’une marraine, tenteront de s’abstenir du tabac au moins durant les six semaines allant du 1er mars au 11 avril. « Victime » de son succès en 2002, avec un record de 38 200 inscriptions, Acti-Menu a préféré ne pas mettre la barre trop haute, ne sachant pas si se répétera l’heureux achalandage de l’an dernier, redevable principalement aux inscriptions prises par Internet, une nouveauté.

Comme lors des dernières éditions, la publicité du Défi est abondante, bénéficiant de placements gratuits ou de tarifs réduits. On voit un peu partout le visuel de 2003, un dard bleu atteignant une cigarette, notamment sur des affiches géantes, dans le transport en commun, dans les restaurants McDonald’s et à la télévision. Plusieurs personnalités ont enregistré des messages radiophoniques généreusement diffusés à travers le Québec, dont les ex-fumeurs Caroline Néron, Pierre Légaré, Bernard Fortin et Michel Mpambara. Les pharmacies Jean Coutu offrent à nouveau une trousse d’accompagnement aux fumeurs, disponible dans toutes les succursales sur présentation d’une preuve de participation.

On connaîtra en avril les résultats du Défi 2003, de même que l’identité des gagnants des prix d’une valeur totalisant près de 50 000 $. Ces derniers devront bien sûr avoir complété leur période d’abstinence. De nombreux autres grands gagnants seront ceux et celles qui seront « simplement » devenus non-fumeurs, et même ceux qui, bien qu’ayant échoué, se seront enrichis d’une expérience qui les aidera une prochaine fois. Le site du Défi, à www.defitabac.qc.ca, accueille présentement les intéressés par dizaines de milliers, entre autres au Sevrage Show où six internautes vivent publiquement leur épreuve.

Denis Côté