Le tabac a tué 37 000 Canadiens en 2002

Santé Canada vient de réviser à la baisse le nombre de décès causés par le tabagisme. Depuis 2004, en se fiant sur des données de 1998, il estimait que 47 000 Canadiens décédaient annuellement de maladies attribuées à l’usage de la cigarette. Une étude publiée dans Maladies chroniques au Canada (volume 27, no 4, 2007) affirme maintenant que l’hécatombe du tabac a emporté 37 209 personnes au pays en 2002, soit 23 766 hommes et 13 443 femmes.

Cette importante chute de la mortalité (21 %) s’explique par une nouvelle méthodologie qui incorpore moins de décès par cardiopathies, une légère baisse du tabagisme en quatre ans (de 1998 à 2002) et de meilleurs traitements des pathologies. Contrairement aux accidents d’automobile, qui sont dénombrés, les décès dus au tabac sont estimés, selon des calculs rigoureux et conservateurs. Les chercheurs se basent sur la cause des maladies, la prévalence du tabagisme et les statistiques de la mortalité au Canada. Selon les normes autrefois utilisées, les troubles cardiaques composaient 37 % des décès du tabac ; ce ratio est maintenant de 27 %.

En 1998, le tabagisme comptait pour 22 % des décès survenus au Canada; son tribut a été réduit à 16,6 % en 2002 (un décès sur six), 21 % chez les hommes et 12,2 % chez les femmes. Cette différence entre les sexes s’explique par l’écart de la consommation. Il y a plusieurs décennies, les messieurs fumaient presque deux fois plus que les dames. La période de latence (entre consommation et décès) étant longue pour le cancer, beaucoup plus d’hommes en ont été victimes, 11 861 contre 5 566. Au contraire, du côté des maladies cardiovasculaires, grâce à la rapidité relative des bienfaits de l’arrêt tabagique, on constate de moins en moins de décès, soit 6 373 Canadiens et 3 902 Canadiennes.

Années de vie perdues

Les chercheurs estiment qu’ensemble les 23 766 hommes décédés du tabac en 2002 ont perdu 316 417 années de vie potentielle. Disparus en moyenne à 71,2 ans, ils auraient pu vivre jusqu’à 84,5 ans. Quant aux 13 443 Canadiennes, elles ont été privées de 199 191 années de vie, mourant à l’âge moyen de 73,4 ans, au lieu d’atteindre 88,2 ans.

Cancer, coeur et poumons

En plus des décès par cancers et par maladies cardiovasculaires, les chercheurs ont conclu que les maladies respiratoires liées au tabac (surtout l’emphysème et la bronchite chronique) ont emporté 8 282 Canadiens, 4 788 hommes et 3 494 femmes. La cigarette a aussi tué 190 personnes par maladies de l’appareil digestif, et les médecins pouvant citer « tabagisme » comme cause de décès ont retenu cette affection en 57 occasions.

Feu, grossesse et FTA

De surcroît, les feux causés par les produits du tabac ont été fatals pour 35 hommes et 20 femmes. La cigarette ne tue pas que des adultes. Elle s’est avérée funeste pour 59 bébés nées prématurément ou souffrant de poids insuffisant à la naissance, de même que pour 33 autres qui ont succombé au syndrome de la mort subite du nourrisson. Toujours en 2002, la fumée de tabac ambiante (FTA) aurait fauché 831 Canadiens.

10 400 morts au Québec

Contrairement aux études antérieures, le résumé de la recherche n’inclut pas de statistiques provinciales. Toutefois, Santé Canada les a fournies à Info-tabac. Ainsi le tabac aurait tué 10 414 Québécois en 2002, une moyenne de 28 par jour, soit 6 782 hommes et 3 632 femmes. La répartition des maladies est décrite dans le graphique de gauche.

Puisque les groupes antitabac et Santé Canada ont coutume d’adopter la plus récente étude de la mortalité comme étant la situation présente, on entendra désormais dire que le tabac tue 37 000 Canadiens par an, dont 10 400 au Québec.

Denis Côté