Le Québec, dans la mire de De Facto

Une main qui serre une gorge, une autre qui laisse entrevoir un billet de banque froissé et une fillette à l’air candide sensibiliseront les 12 à 24 ans aux conséquences du tabagisme.

Accompagnées de messages chocs, ces affiches de la campagne De Facto interpellent directement le passant en lui demandant : « Qui provoque la mort de 5 millions d’êtres humains? », « Qui entraîne 45 000 jeunes vers la dépendance? » et « Qui fait dépenser 250 millions de dollars aux jeunes? ».

Après avoir conquis les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches (et plus tard, du Saguenay-Lac-St-Jean), De Facto cible maintenant la province au grand complet. Cette initiative de l’Association régionale du sport étudiant de ces deux premières régions (ARSEQCA) a vu le jour au début des années 2000. Elle s’inspire du programme antitabac floridien The Truth qui a pour mission de dire la vérité sur les produits du tabac et l’industrie qui les manufacture.

Si De Facto s’est surtout fait connaître en 2003 grâce à ses publicités audacieuses (cinéma, radio et télé) et les mises en demeure des cigarettiers qui ont suivi leur diffusion, la présente campagne – qui est financée par le ministère de la Santé du Québec – est conjointement gérée par la Fédération québécoise du sport étudiant (FQSE) et elle se concentre surtout en milieu scolaire. Ainsi, 64 collèges, 11 universités et quelque 130 écoles secondaires y prennent part.

Les athlètes comme modèles

En plus des affiches et bannières, 45 000 tee-shirts arborant le logo De Facto et le nom des maisons d’enseignement participantes seront distribués à des athlètes de différents calibres qui serviront de modèles dans leur milieu. Depuis 2003, l’ARSEQCA estime que près de 85 000 sportifs ont porté ce vêtement, contribuant ainsi à promouvoir le non-tabagisme et un mode de vie sain. Le tee-shirt de cette année se distingue toutefois des éditions précédentes par l’engagement qu’il sous-tend à l’intérieur : « En portant ce T-shirt, tu défends tes valeurs, tu endosses une cause, tu manifestes tes désirs. De Facto révèle la vérité sur les produits du tabac et leurs conséquences trop souvent banalisées. De Facto, porte tes convictions. »

Du 29 octobre au 25 novembre, des publicités ont également été véhiculées par les stations de radio affiliées au réseau Énergie, de même que sur les ondes de radios étudiantes. Le site Internet de la campagne (www.defacto.ca) a également été rafraîchi.

Même si les messages conçus par De Facto sont un peu plus subtils qu’avant, ils amènent toujours les jeunes à réfléchir et à développer leur esprit critique. Quant au but visé par la campagne, il reste le même, soit de modifier les normes sociales liées à l’acceptabilité des produits du tabac et à leur utilisation.

Population cible : les 12 à 24 ans

Puisque la plupart des fumeurs adultes se sont initiés au tabagisme avant leur majorité, il est logique de vouloir prévenir l’usage de la cigarette auprès des 12 à 18 ans. « Pourquoi avoir également choisi de cibler les 19-24? », a demandé Info-tabac à Daniel Veilleux. Plusieurs facteurs ont motivé cette décision, explique le directeur général de l’ARSEQCA : « Même s’ils figurent parmi les plus grands consommateurs de tabac, les 19-24 ans sont très peu visés par les campagnes de sensibilisation, qui touchent souvent les plus jeunes qu’eux, et les campagnes d’abandon, qui s’adressent à une clientèle plus âgée. Comme la plupart des adolescents ont tendance à surestimer le taux de tabagisme des adultes, peut-être pourront-ils contribuer à rétablir leurs perceptions. »

De Facto, la chronologie

1999 : Premiers contacts avec la Floride pour adapter The Truth au Québec.

2001 : De Facto voit officiellement le jour, sous son nom actuel.

2003 : Campagne médiatique d’envergure dans les régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.

2004 : De Facto survit, même sans financement.

2005-2006 : Une nouvelle initiative est élargie à la région du Saguenay-Lac-St-Jean.

2007-2008 : Par le biais d’établissements scolaires, De Facto sensibilise l’ensemble du Québec.

Josée Hamelin