Le Grand Prix Player’s est mort… Vive le Grand Prix Air Canada!

Au lendemain de l’adoption de la Loi sur le tabac, les organisateurs du Grand Prix de Montréal ont annoncé qu’ils ont trouvé un nouveau commanditaire principal pour remplacer Imperial Tobacco. C’est désormais Air Canada qui versera 5 millions $ par année au Grand Prix au cours des cinq prochaines années pour y associer son nom, et ce, dès le Grand Prix de 1999.

En conférence de presse, le promoteur Normand Legault s’est félicité d’avoir sorti son événement du champ de tir politique en se trouvant un nouveau commanditaire moins controversé. Dès lors, il sera possible de faire de la promotion ciblant ouvertement les jeunes, a-t-il constaté.

Bien qu’on se réjouisse de cette nouvelle, une question bien simple se pose pour les organismes de santé : M. Legault a-t-il retardé son annonce pour faire plaisir à ses amis d’Imperial Tobacco et maintenir jusqu’à la toute dernière minute la pression sur Ottawa comme sur Québec?

Pour David Sweanor, avocat à l’Association pour les droits des non-fumeurs, il est clair que le gouvernement fédéral, en particulier, s’est fait avoir par l’industrie du tabac. Car c’est la crainte de voir disparaître le Grand Prix de Montréal qui a provoqué la réouverture de tout le dossier des commandites, suite à l’adoption de la loi C-71 par la Chambre des communes en avril 1997. « C’est une situation bizarre, affirme Me Sweanor. Personne n’a souligné l’absurdité de ce que le gouvernement fédéral vient de faire. »

En effet, le ministre fédéral de la Santé, Allan Rock, a déposé des amendements à la loi C-71 le 3 juin dernier afin de prolonger la période de transition pour les événements commandités par les cigarettiers. Bien qu’il ait essayé de présenter ces amendements comme un renforcement de la législation fédérale, puisqu’ils comportent aussi une interdiction totale des commandites dans cinq ans, ce qui n’était pas prévu jusqu’ici, les organismes de santé y voient plutôt un recul.

Suite à l’annonce de M. Legault, le ministre Rock n’a aucunement remis en question la pertinence d’aller de l’avant avec ses amendements. « J’espère que les organisateurs des activités profiteront de la période de transition pour identifier d’autres commanditaires et s’entendre avec eux », a-t-il commenté par voie de communiqué de presse.

Impact à Québec

Il est bien sûr impossible de savoir ce qui serait arrivé en commission parlementaire à Québec si les députés avaient su dès le début de leurs travaux qu’un commanditaire de rechange avait été trouvé pour le plus important événement commandité au Québec.

Alain Poirier, porte-parole du Mouvement en faveur d’un Fonds québécoise pour la culture, le sport et la santé, estime pour sa part qu’il est « malheureux » et « un peu particulier » que l’annonce de M. Legault n’ait eu lieu qu’une fois adoptée le projet de loi 444, avec les affaiblissements qu’on connaît au chapitre des commandites.

D’un autre côté, souligne-t-il, cette annonce vient confirmer ce que son organisme soutient depuis le début : les grands événements culturels et sportifs sont des véhicules publicitaires de tout premier ordre, capables d’intéresser bien d’autres partenaires en dehors de l’industrie du tabac.

Francis Thompson