La loi Dingwall appuyée par une forte majorité

Au moment où le débat entourant le projet de loi C-71 reprend à Ottawa, un sondage Angus Reid indique qu’environ 80 p. 100 des Canadiens sont « fortement d’accord » ou « plutôt d’accord » avec ces nouvelles mesures antitabac.

Comme prévu par plusieurs observateurs, c’est au Québec que l’appui est le plus faible, avec 45 p. 100 qui se disent « fortement d’accord » et 29 p. 100 qui sont « plutôt d’accord », pour un total de 74 p. 100. Mais cet écart entre anglophones et francophones n’a probablement rien de culturel. En effet, c’est entre non-fumeurs et fumeurs qu’on retrouve les différences les plus marquées (66 p. 100 contre 27 p. 100 sont « fortement d’accord ») – et comme on le sait, le Québec a un pourcentage plus élevé de fumeurs que le Canada anglais.

Le montant de la hausse des taxes qui a accompagné l’annonce des nouvelles mesures législatives recueille l’appui de 60 p. 100 des Canadiens; parmi les opposants, un tiers aurait souhaité une augmentation plus importante.

Sur la question des commandites, l’industrie du tabac arrive à sauver les meubles. Une majorité de 60 p. 100 est « fortement d’accord » ou « plutôt d’accord » que les nouvelles mesures « nuiront aux festivals et aux manifestations sportives qui dépendent des compagnies de tabac pour les commanditer ». Par contre, la perception de l’industrie et de ses défenseurs est en général négative.

Il n’y a que 6 p. 100 de la population qui trouvent les porte-parole de l’industrie « très crédibles » sur ce genre de question, comparativement à 63 p. 100 pour les médecins, 50 p. 100 pour Santé Canada et 25 p. 100 pour les groupes antitabac.

On estime même que ces derniers sont un peu plus crédibles que les représentants de la communauté culturelle ou sportive lorsque ceux-ci se plaignent des restrictions imposées aux commandites. C’est peut-être parce que pas moins de 90 p. 100 sont d’accord pour affirmer que le fait d’associer une marque de cigarettes à une manifestation culturelle ou sportive est une forme de publicité.

Une conclusion s’impose à la lecture de ces résultats : en créant un fonds de remplacement pour les commandites, le gouvernement fédéral pourrait se faire bien du capital politique à l’approche des prochaines élections.

À moins qu’il y ait eu un revirement spectaculaire dans l’opinion politique pendant la période des Fêtes : ce sondage a été réalisé entre le 13 et le 16 décembre, avec un échantillon de 1 000 personnes et une marge d’erreur de – 3,1 p. 100, 19 fois sur 20.

Francis Thompson