Des services en cessation efficaces et appréciés

L’effet de la ligne J’ARRÊTE et du SMAT sur la cessation tabagique ont été évalués pour la première fois. Les résultats, présentés en janvier 2018, confirment la pertinence et l’efficacité des deux services.

La cessation tabagique est un défi à la fois biologique, psychologique et social. Les services de soutien à la cessation sont donc des alliés inestimables pour les fumeurs souhaitant se libérer de leur dépendance. Ces services donnent d’ailleurs de très bons résultats et sont appréciés par ceux qui les utilisent. C’est ce que conclut une évaluation des deux services en cessation offerts par la Société canadienne du cancer : la ligne téléphonique J’ARRÊTE et le Service de messagerie texte pour arrêter le tabac (SMAT).

Ces évaluations, menées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), ont été présentées en janvier 2018, à l’occasion du lancement de la Semaine pour un Québec sans tabac. L’INSPQ a scruté les usagers de la ligne J’ARRÊTE de 2014 à 2016 et ceux du SMAT de 2015 à 2017, en incluant la période de collecte des données. Dans les deux cas, seuls les fumeurs présentant certaines caractéristiques ont été retenus. Par exemple, ceux qui avaient plus de 18 ans, qui n’avaient jamais contacté ce service auparavant et qui souhaitaient cesser de fumer au cours des six prochains mois. Christine Stich et son équipe ont récolté des données à trois reprises :

  • lors du premier contact avec la ligne ou le SMAT, afin de dresser un portrait des usagers
  • un à deux mois plus tard, afin de connaître la satisfaction envers le service
  • sept à huit mois plus tard, afin de mesurer l’impact du service sur l’abandon du tabac
Des services bénéfiques

Premier constat : les deux services réussissent réellement à aider les fumeurs. Huit mois après leur premier contact avec le SMAT, presque le tiers des usagers (30 %) n’avaient pas fumé dans les 30 derniers jours. De plus, la proportion d’entre eux grillant 21 cigarettes ou plus par jour avait diminué de 22 % à 9 %.

Du côté de la ligne, sept mois après leur premier appel, c’est 26 % des fumeurs qui avaient cessé de fumer depuis au moins 30 jours. « Ces taux de cessation sont équivalents à ceux obtenus par les services téléphoniques ailleurs au Canada », a mentionné Christine Stich, en présentant les évaluations, à Montréal.

Ce travail de l’INSPQ montre aussi que, du côté du SMAT ou de la ligne J’ARRÊTE, les clients sont surtout… des clientes. En effet, alors que les femmes représentent respectivement 63 % et 57 % des utilisateurs du SMAT et de la ligne, elles comptent pour à peine 45 % des fumeurs. « Cette surreprésentation féminine est typique des services de soutien à la cessation et des services de santé en général », a rapporté Christine Stich.

Des services complémentaires

Cela dit, les deux services ne joignent pas tout à fait la même clientèle. Le SMAT attire majoritairement des fumeurs âgés de 18 à 34 ans tandis que ce sont surtout des personnes qui ont plus de 55 ans qui appellent la ligne J’ARRÊTE. Cette différence d’âge se reflète dans la façon dont les fumeurs ont entendu parler de chacun des services. Les deux tiers des usagers du SMAT en ont eu vent par l’entremise d’une recherche sur Internet ou par Facebook. Du côté de la ligne, la principale source de connaissance est l’avertissement sur les produits du tabac, qui comprend désormais son numéro de téléphone. D’autres caractéristiques distinguent la clientèle du SMAT de celle de la ligne J’ARRÊTE. Les usagers de la ligne tendent à être moins éduqués que la moyenne des Québécois et plus dépendants du tabac. Leur santé est aussi souvent fragile. Presque la moitié d’entre eux souffrent de problèmes physiques liés au tabagisme, comme l’asthme, tandis que plus du tiers indiquent avoir un problème de santé mentale.

Clientèle satisfaite

Qu’il s’agisse du SMAT ou de la ligne J’ARRÊTE, la majorité des fumeurs se disent très ou assez satisfaits des services reçus. C’est le cas de 90 % des utilisateurs du SMAT, deux mois après leur inscription. Ceux-ci ont notamment trouvé que les textos reçus étaient motivants et utiles. Même les usagers qui se sont désabonnés du service s’en sont dits satisfaits à 86 %. Du côté de la ligne, le taux de satisfaction grimpe à 95 %. Une majorité des usagers a ainsi apprécié les heures de fonctionnement de la ligne, la facilité à joindre un conseiller et le matériel reçu par la poste.

La seule ombre au tableau est le faible taux d’utilisation des deux services. En effet, le SMAT n’a attiré que 2200 fumeurs pendant la période d’évaluation. Quant à la ligne, elle a joint à peine 0,09 % des fumeurs québécois, bien qu’elle ait reçu 16 000 appels. « Ailleurs dans le monde, ce type de service joint historiquement entre 1 % et 3 % des fumeurs », a reconnu Mme Stich. Augmenter la visibilité du SMAT ou des services J’ARRÊTE est néanmoins possible grâce à des partenariats avec le réseau de la santé, par exemple, ou de meilleures stratégies de référencement Web. « Des recherches devraient aussi être menées auprès des fumeurs afin de mieux comprendre quelle est la meilleure façon de les joindre », ajoute Mme Stich en entrevue. L’objectif : faire bénéficier le plus grand nombre de fumeurs de ces services aussi efficaces et appréciés que malheureusement sous-utilisés.

Anick Labelle