Des parcs et des espaces municipaux sans tabac

« L’exposition à la fumée secondaire peut être aussi nocive à l’extérieur qu’à l’intérieur », soulignent les responsables de la santé publique sur le site en ligne de la Ville d’Ottawa.

Les autorités municipales de la capitale fédérale encouragent les gens à se lever et à quitter un lieu où ils peuvent être exposés à la fumée secondaire. « Ces personnes ne devraient pas rester assises là et respirer la fumée secondaire, car elles mettent leur santé à risque », déclare Krista Oswald, responsable du programme municipal de lutte contre le tabagisme. « Nous disposons de résultats de recherches confirmant l’effet nocif de la fumée secondaire sur la santé. […] Ces recherches portent sur des échantillons d’air provenant de terrasses à Vancouver et aux États-Unis », affirme Mme Oswald (lire ci-contre à propos de ces études).

Plus de 30 municipalités au Canada ont mis en œuvre une certaine forme de réglementation sur l’usage du tabac dans des espaces découverts. En plus d’Ottawa, c’est notamment le cas de Toronto, d’Halifax et de Vancouver. Dans cette ville, le Vancouver Park Board a voté unanimement l’interdiction de l’usage du tabac dans plus de 200 parcs municipaux et sur toutes les plages municipales, à partir du 1er septembre. D’autres municipalités ont également adopté des mesures, telles que les villes de Collingwood et de New Tecumseh en Ontario, où l’usage du tabac est interdit dans les terrains de jeux ou près de ces terrains; la ville de Saint-Albert en Alberta, où il est banni sur le lieu d’un événement public en plein air; de même que celles de Moncton, au Nouveau-Brunswick, et de Statford, à l’Île-du-Prince-Édouard, où le tabac est proscrit sur les terrains de sport municipaux.

Au Québec depuis mars 2010, la ville de L’Ancienne-Lorette, en banlieue de Québec, interdit de fumer dans ses parcs et terrains de jeux.

La Société canadienne du cancer soutient depuis longtemps la désignation d’espaces extérieurs sans fumée, comme les parcs et les terrains de jeux. « L’usage du tabac en plein air produit de la fumée posant les mêmes risques pour la santé que la fumée secondaire à l’intérieur », publie la Société sur son site internautique. « Entre autres, la Société s’inquiète de l’exposition des enfants au comportement de fumeurs adultes dans les lieux destinés aux jeunes comme les terrains de jeu. En plus d’enseigner aux enfants que le tabagisme est acceptable, ce comportement les expose inutilement aux risques pour la santé de la fumée secondaire. »

L’Unité de recherche sur le tabac de l’Ontario estime que la fumée secondaire cause le décès d’au moins 1000 Canadiens chaque année, et que plus de 7800 décès pourraient y être associés.

Pour sa part, l’Association pulmonaire a souvent fait le lien entre les crises d’asthme et les lieux publics extérieurs enfumés.

Exposition à la fumée secondaire dans les espaces extérieurs

Dans son traité sur les avantages des réglementations interdisant l’usage du tabac dans les espaces extérieurs (Benefits of smoke-free regulations in outdoor settings), publié en 2006, le biophysicien James Repace rapporte que la fumée du tabac contient au moins 172 substances toxiques, dont trois polluants d’air extérieur réglementés, 33 polluants d’air dangereux, 47 substances chimiques classées comme déchets dangereux, et 67 agents cancérogènes connus pour les humains et les animaux.

La fumée d’une seule cigarette peut être détectée à une distance de 7 à 10 mètres, selon la direction et la vitesse du vent. Par conséquent, la fumée secondaire peut parcourir aisément cette distance pour atteindre les personnes sur une plage, dans un parc ou sur un terrain de jeu.

Que cela soit à l’intérieur ou à l’extérieur, les enfants sont particulièrement vulnérables à la fumée de tabac, à cause de leur respiration rapide et de leur croissance.

Les observations de James Repace révèlent également qu’à proximité d’un lieu extérieur où la cigarette est permise, la fumée secondaire contient des niveaux de polluants d’air presque aussi élevés que ceux de la fumée secondaire en milieu intérieur.

Le California Air Resources Board (CARB) a mesuré en 2006 les concentrations de nicotine dans la fumée secondaire à l’extérieur, là où les gens s’agglomèrent pour fumer, près des entrées d’une aérogare, d’un collège, d’un édifice gouvernemental, d’un édifice à bureaux et d’un parc d’attractions. Cette recherche a montré que les personnes qui se trouvent dans ces lieux extérieurs sont exposées à des niveaux de fumée aussi denses qu’en milieu intérieur. Klepeis, Ott et Switzer ont mesuré les concentrations de particules respirables de la fumée du tabac à des terrasses extérieures, sur le trottoir près d’un aéroport et au centre-ville, et dans les parcs. Ils ont également mené des expériences contrôlées sur la fumée secondaire en milieu intérieur et extérieur. Leur analyse en temps réel des particules de fumée de tabac dans les espaces extérieurs, rapport publié en 2007 (Real-time measurement of outdoor tobacco smoke particles) dans le Journal of the Air and Waste Management Association, indique que les concentrations de particules détectées dans la fumée secondaire en milieu extérieur sont comparables à celles de la fumée secondaire en milieu intérieur.

Selon le rapport final d’une étude californienne sur les risques de l’exposition à la fumée secondaire pour la santé intitulée Health effects of exposure to environmental tobacco smoke, les enfants sont particulièrement sensibles aux effets de la fumée secondaire en raison de leur rythme respiratoire plus rapide, de leur surface pulmonaire relativement plus grande que celle des adultes, et de leur immaturité pulmonaire. De plus, les nourrissons et les enfants ne sont pas en mesure de choisir leur environnement et ne peuvent éviter l’exposition à la fumée secondaire. Par conséquent, les enfants inhalent un pourcentage plus élevé de toxines que les adultes. Pour ces raisons, la direction de la santé publique d’Halifax croit qu’il est particulièrement important d’interdire l’usage du tabac dans les lieux où des enfants sont présents. En outre, les autorités de la capitale néo-écossaise croient que voir les adultes fumer peut amener les enfants à associer l’usage du tabac aux activités agréables de plein air.

Joey Strizzi