Nouvelles brèves

La fumée tue plus vite que la pauvreté

Une étude parue dans le British Medical Journal à la mi-février montre que le tabagisme est un facteur d’inégalité en matière de santé plus déterminant que l’inégalité socioéconomique. Chez les femmes, la mort fauche plus rapidement les fumeuses qui appartiennent aux classes riche et moyenne supérieure que les non-fumeuses des classes moyenne inférieure et pauvre. Constat aussi net du côté des hommes, où la mort emporte les fumeurs plus vite que les non-fumeurs, indépendamment de la position dans l’échelle sociale. Même l’avantage féminin en terme de longévité est réduit à néant par le tabagisme : les fumeuses de classes plus aisées vivent moins longtemps que les hommes des mêmes classes sociales qui ne fument pas. Idem dans les classes plus pauvres : les femmes qui fument y meurent plus vite que les hommes qui ne fument pas.

On sait cela parce que 14 955 résidants de deux villes d’Écosse alors âgés de 45 à 64 ans ont répondu entre 1972 et 1976 à un questionnaire sur leurs habitudes de vie, et ont été classés selon leur position dans l’échelle sociale. Vingt-huit ans plus tard, une équipe de recherche de l’Université de Glasgow et de la section écossaise du National Health Service du Royaume-Uni a observé qui vivait encore parmi les répondants originaux, et fait des recoupements.

Les auteurs affirment que le potentiel de réduction de l’inégalité en santé restera limité à moins que plusieurs fumeurs chez les pauvres cessent de fumer, et ils suggèrent que l’effort de prévention et d’aide aux fumeurs qui souhaitent arrêter se concentre là où la prévalence du tabagisme est plus élevée.

Note encourageante : la recherche a aussi montré que le taux de survie après 28 ans des fumeurs et fumeuses qui ont CESSÉ de fumer était plus proche du taux de survie des personnes qui n’ont JAMAIS fumé que de celui des personnes qui ont continué.

Taxe en hausse loin du St-Laurent

Après Winnipeg, Edmonton et Charlottetown, c’est au tour d’Halifax d’augmenter la taxe provinciale sur les cigarettes en 2009. Depuis le 23 juin, la cartouche de cigarettes coûte 10 $ de plus en Nouvelle-Écosse. Une cartouche y revient donc à environ 101 $, comparativement à 70 $ au Québec.

Plus une province est située loin des quatre réserves mohawks qui alimentent la contrebande du tabac, plus elle peut augmenter sa taxation dissuasive sans craindre la concurrence du marché illicite. Dans les provinces de l’ouest, la cartouche se détaille environ 90 $, et il n’y a pratiquement pas de contrebande comme en fait foi la carte ici-bas, mise à jour à la fin de juin.

Jérôme Charette-Pépin, jeune militant

Jérôme Charette-Pépin, un jeune homme de 14 ans de la Polyvalente de L’Ancienne-Lorette, en banlieue de Québec, a reçu en juin le prix Marcel-Boulanger de 2009. Le prix est décerné chaque année par le Conseil québécois sur le tabac et la santé, afin de souligner le mérite exceptionnel d’un jeune de 12 à 18 ans engagé dans un combat contre le tabac dans son milieu.

Entre autres gestes posés durant l’année 2008-2009, Jérôme a employé ses talents d’infographiste à produire un dépliant sur la bronchite chronique liée à la consommation de tabac, dépliant qu’il a utilisé pour renseigner les jeunes de son entourage. Le jeune Charette-Pépin, qui joue de plusieurs instruments de musique, a aussi composé une chanson racontant l’histoire d’un jeune homme dont la toxicomanie gâche la vie, et l’a interprétée au Gala de variétés et au concours Secondaire en spectacle de son école, ce qui lui a valu les applaudissements de ses pairs. Ses activités en faveur d’un monde plus sain n’empêchent pas l’adolescent de jouer dans une ligue de hockey et de bien réussir à l’école.

Jérôme Charette-Pépin est le troisième lauréat du prix Marcel-Boulanger, qu’il a reçu à l’hôtel de ville de L’Ancienne-Lorette, des mains du maire Émile Loranger, et en présence du Dr Marcel Boulanger, un anesthésiologue québécois de réputation internationale activement associé depuis plus de vingt ans à la lutte contre le tabagisme. Le prix est doté d’une bourse de 500 dollars.

Étalages : 13 juridictions sur 13

À partir du 1er janvier 2010, l’exposition des produits du tabac à la vue du public sera interdite dans les points de vente de la province de Terre-Neuve-et-Labrador. Une loi en ce sens a été adoptée au Parlement de St. John’s à fin de mai. Le gouvernement terre-neuvien met ainsi la touche finale à une entreprise de dénormalisation du tabac relancée par le gouvernement de la Saskatchewan en janvier 2005, et à laquelle ont depuis souscrit tous les territoires et provinces du Canada.

Les étalages stimulent l’achat impulsif

Une étude parue dans la revue Tobacco Control de juin (p. 218) montre que, même dans un État comme celui d’Australie occidentale, où la publicité des produits du tabac est disparue à l’extérieur des points de vente depuis 1992, l’exposition des paquets de cigarettes à la vue du public provoque des achats non planifiés. En 2008, parmi 206 fumeurs et fumeuses quotidiens, âgés d’entre 18 et 76 ans, qui sortaient de commerces où ils venaient d’acheter du tabac, 22 % ont déclaré à des chercheurs de la Curtin University of Technology, de Perth en Australie, qu’ils n’avaient pas planifié d’acheter des cigarettes ou d’acheter la marque particulière qu’ils avaient achetée.  81 % ont déclaré qu’ils avaient été influencés dans leur décision par l’étalage dans le point de vente.

Interdit d’enfumer un jeune passager

Après la Nouvelle-Écosse et l’Ontario, d’autres provinces canadiennes ont légiféré pour interdire de fumer dans un véhicule avec un jeune passager à bord. Depuis le 7 avril en Colombie-Britannique, le tabagisme est interdit dans une auto où prend place un passager de 15 ans et moins. En vertu d’une loi votée par le Parlement de Victoria en 2008, un conducteur surpris à fumer ou à tolérer cette pratique dans son véhicule devra payer une amende de 109 $, soit le même montant que pour un défaut d’installer un bambin dans un siège d’appoint adéquat.

À l’Île-du-Prince-Édouard, la protection contre la fumée s’étend aux « mineurs de moins de 19 ans » (sic), comme en Nouvelle-Écosse. Au Nouveau-Brunswick, une loi similaire a été votée en mai.

En Ontario, où la loi, appliquée depuis janvier, interdit à un conducteur de fumer dans un véhicule avec à bord une personne de 16 ans ou moins, un homme de 20 ans, Tory Ashton, a été mis à l’amende pour ce motif en février. Pendant que la policière lui remettait sa contravention, la passagère du véhicule, âgée de 15 ans, est descendue de l’auto et s’est allumée une cigarette.

Le Toronto Star du 11 juin a rapporté les cas de deux autres conducteurs, dont un de 17 ans, à qui leur délinquance a valu l’imposition d’une amende, laquelle peut atteindre 250 $.