Nouvelles brèves

L’emballage entretient les illusions

Une étude menée au Canada par le psychologue de la santé David Hammond, professeur à l’Université de Waterloo, en Ontario, montre que les fumeurs sont nettement plus sujets que les non-fumeurs à associer la teneur en goudron de certaines cigarettes, ou le risque relatif que ces cigarettes représentent pour la santé, à un mot ou une couleur visible sur un paquet d’une marque fictive.

Il suffit de très peu de signes pour envoyer un signal trompeur, selon ce que révèle l’article de D. Hammond et de C. Parkinson paru à la fin de juillet dans le Journal of Public Health. Ainsi par exemple, 73 % des fumeurs à qui on a montré un paquet rouge avec une barre blanche en même temps qu’un paquet identique avec une barre grise ont jugé que les cigarettes contenues dans le premier paquet étaient moins à risque pour la santé que celles du second. Seulement 15 % concluaient à une absence de différence.

Avantageux de bannir les ventes aux mineurs

Le respect ou non par les commerçants de l’interdiction de vendre du tabac aux mineurs a une influence importante sur le taux de tabagisme des jeunes Américains, ont observé Joseph DiFranza, Judith Sauva­geau et Kenneth Fletcher, de l’École de médecine de l’Université du Massachusetts. Le résultat de leur étude est paru dans BMC Public Health en avril dernier. Au nord du 45e parallèle, l’analyse écono­métrique de Santé Canada confirme que le respect par les détaillants d’une pareille interdiction est une variable qui contribue à faire décliner l’usage du tabac chez les adolescents.

Mais des détaillants vendent aux mineurs

Du 1er avril 2003 au 31 mars 2009, il n’y a jamais eu moins de 26 % des points de vente de produits du tabac au Québec qui font fi de l’article 13 de la Loi sur le tabac et qui vendent du tabac à des mineurs. C’est ce qui apparaît à la lecture des rapports statistiques du Service de lutte contre le tabagisme du MSSS. L’interdiction de vendre aux mineurs figure dans la loi québécoise depuis son adoption originale, il y a onze ans. Le MSSS fait des inspections. Des constats d’infraction assortis d’une amende sont livrés aux contrevenants, qui peuvent même finir par perdre leur permis de vente, ce qui arrive de plus en plus souvent.

Dans la loi fédérale sur le tabac, l’interdiction de fournir du tabac à un mineur dans un lieu public (article 8) est encore plus ancienne. Pourtant, quand Santé Canada vérifie, comme ce ministère le fait depuis 1995, la conformité du comportement des détaillants avec cet article de la loi, il subsiste toujours 14 % de commerces délinquants (23 % au Québec en 2008).

C’est donc dans des milliers de points de vente autorisés au Canada, dont au moins 1 600 au Québec (évidemment pas tous les mêmes à chaque année), que des mineurs peuvent encore acheter du tabac. Certaines associations de dépanneurs semblent vouloir faire oublier ce désordre qui persiste dans leur propre cour, alors qu’elles réclament la crimi­nalisation de la possession de tabac par un mineur ou présentent les cigarettes de contrebande comme plus nocives pour les jeunes que les autres cigarettes.

Conférence canadienne sur l’épidémie du tabac

Bien que moult spécialistes de la santé publique au Canada soient mobilisés cette année par des opérations de prévention et de combat contre le virus A(H1N1), le Conseil canadien pour le contrôle du tabac (CCCT) s’attend tout de même à ce qu’environ 550 personnes s’inscrivent à la 6e Conférence nationale sur le tabagisme ou la santé (National Confe­rence on Tobacco or Health), qui aura lieu du 1er au 4 novembre 2009, à l’hôtel Reine Elizabeth, à Montréal. Un service d’interprétation du français vers l’anglais et vice versa sera disponible lors des huit séances plénières prévues au programme des activités. L’organisatrice du rendez-vous biennal, Ruta Klicius, a révélé que le ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc, prendra la parole lors de l’événement.

L’Ontario réclame 50 milliards $

Le gouvernement ontarien a entamé le 29 septembre sa démarche devant les tribunaux afin d’obtenir de l’industrie du tabac un dédommagement de 50 milliards $ pour le coût des soins de santé liés aux maladies qu’a causées ou que causera la consommation de tabac. Ce montant correspond notamment au coût financier des soins additionnels assumé par les contribuables de l’Ontario depuis 1955. Le gouvernement de Dalton McGuinty estime que les dépenses du système de santé onta­­rien attribuables à la consommation de tabac s’établissent présentement à 1,6 milliard $ par année.

Après la Colombie-Britannique et le Nouveau-Brunswick, l’Ontario est la troisième province canadienne à lancer une poursuite contre l’industrie.

Au Québec, une loi a été votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 18 juin dernier afin de favoriser une démarche similaire. Le ministre de la Santé et des Services sociaux, le Dr Yves Bolduc, a déclaré à Radio-Canada en octobre qu’il s’attendait à ce que le gouvernement du Québec intente une poursuite en janvier 2010, pour une somme d’environ 30 milliards $.

Moins de tabagisme passif, moins d’infarctus

Dans les endroits où les pouvoirs publics ont interdit de fumer dans les milieux de travail et dans les lieux publics, la fréquence des admissions à l’hôpital pour cause d’infartus a diminué en moyenne de 17 % durant l’année qui a suivi. Les baisses du risque de crise cardiaque observées parmi les non-fumeurs sont encore plus fortes, particulièrement chez les non-fumeuses de moins de 60 ans.

Ces tendances viennent encore d’être confirmées en septembre par deux recensions et analyses d’une dizaine d’articles scientifiques. L’une a été publiée dans le Journal of the American College of Cardio­logy et est signée par des chercheurs de l’École de médecine de l’Université du Kansas, dirigés par le Dr David G. Meyers. L’autre est parue sur le site de la revue Circulation de l’American Heart Foundation, sous la signature des professeurs James Lightwood et Stanton Glantz, de l’Université de Californie à San Francisco.