Nouvelles brèves

Loi ferme en Nouvelle-Écosse

La chambre législative de Nouvelle-Écosse a finalement adopté en mai, par un vote de 28 à 21, une loi antitabac qui interdira de fumer dans presque tous les endroits publics intérieurs à compter du 1er janvier 2003. Les restaurants pourront néanmoins disposer de salles pour fumeurs, fermées et ventilées, interdites aux mineurs et ne dépassant pas 25 % des places. Cette norme prévaut aussi pour les bars, mais ceux-ci pourront devenir totalement « fumeurs » à compter de 21h. Précisons que la plupart des bars de cette province sont accessibles aux mineurs avant 21h.

Bien que l’opposition néo-démocrate et libérale exigeait une interdiction totale, à la manière de la Ville d’Ottawa, cette province profitera de la loi la plus sévère au Canada, après celle de Colombie-Britannique. De plus, la simple possession de tabac sera défendue aux moins de 19 ans; les policiers pourront saisir les cigarettes des adolescents, sans toutefois arrêter ces derniers. Par le fait même, il devient théoriquement interdit aux mineurs de fumer en public, que cela soit dans un parc ou sur le trottoir.

Fier de cette loi clôturant un long débat, le premier ministre conservateur John Hamm craint tout de même qu’elle aura un prix politique pour sa formation. « Des citoyens pensent qu’elle va trop loin, d’autres pas assez loin. C’est pourquoi sept provinces n’ont toujours pas de loi antitabac », a-t-il philosophé pour le Halifax Daily News.

Jugement favorable en Saskatchewan

Effective depuis le 1er mars, la loi avant-gardiste de Saskatchewan interdisant les étalages de cigarettes n’entre pas en contradiction avec la législation fédérale, contrairement aux prétentions du fabricant Rothmans, Benson & Hedges qui poursuivait la province en première instance. Et cette loi protège la santé des jeunes en conformité avec les responsabilités et compétences provinciales, a statué le juge Ron Barclay de la Cour du Banc de la Reine, à Saskatoon le 25 septembre. Le ministre provincial de la Santé, John Nilson, est enchanté de cette décision. « Le Manitoba vient d’adopter une législation similaire à la nôtre et je prédis que d’autres juridictions canadiennes profiteront de ce jugement pour renforcer leurs mesures antitabac », a-t-il commenté au Globe and Mail. Comme prévu, le fabricant a porté ce jugement en appel.

Le Manitoba, voisin de la Saskatchewan à l’est, vient à son tour d’interdire l’étalage des cigarettes dans les lieux accessibles aux enfants. Sanctionnée le 9 août, sa loi n’entrera en vigueur qu’au 1er janvier 2004.

Peu de fumoirs en Colombie-Britannique

Le recul du gouvernement de Colombie-Britannique concernant les salles pour fumeurs dans les restaurants et bars, s’avère moins grave qu’appréhendé. Trois mois après l’entrée en vigueur (le 1ermai) du règlement assoupli interdisant de fumer dans les bars et restaurants, moins de 300 des quelque 8 000 établissements visés ont demandé la nouvelle prérogative leur permettant d’aménager une salle fermée et ventilée pour fumeurs. « Ceci est une bonne nouvelle pour la vaste majorité des habitants de cette province, a déclaré Scott McDonald de l’Association pulmonaire. Malheureusement, les employés de centaines d’établissements auront à choisir entre leur santé et un travail dans une pièce pleine de fumée. »

Par voie de communiqué, l’Association rappelle que le Centre international de recherche sur le cancer vient de conclure (en fin de juin) que l’exposition à la fumée secondaire accroissait le risque de cancer du poumon d’environ 20 %. Cette étude, réalisée par 29 experts provenant de 12 pays, a passé en revue plus de 3 000 recherches. Le groupe d’experts fut unanime à déclarer que « la fumée secondaire est cancérigène pour l’être humain ».

Congrès en bonne santé

Le programme officiel des 6eJournées annuelles de santé publique est maintenant disponible sur le Web, sur le site de l’Institut national de santé publique, au www.inspq.qc.ca/jasp. Du 18 au 21 novembre au Centre des Congrès de Québec, l’événement a pour thème « Construire sur du solide » pour souligner l’importance, pour la santé publique, de fonder ses actions sur des données solides. Contrairement à l’an dernier, aucune plénière ne traitera spécifiquement du tabagisme. Il se peut que l’accumulation de congrès couvrant notre cause ces temps-ci ait réduit la disponibilité des conférenciers potentiels ou même l’appétit des intervenants. En plus de la Conférence internationale francophone, le Palais des Congrès de Montréal a reçu tout récemment le Forum mondial sur les drogues et les dépendances, une autre première, et la 33e Conférence internationale sur la santé respiratoire, organisée par l’Association pulmonaire du Québec.

Un autre événement retiendra bientôt l’attention : la 3e Conférence nationale sur le tabagisme et la santé, au Fairmount Château Laurier d’Ottawa, du 1er au 4 décembre prochain. Renseignements sur www.taylorandassociates.ca, ou à Francine St-Martin au (613) 747-0262. Les frais d’inscription réguliers s’élèvent maintenant à 550 $.

Fin du procès à Montréal

À la mi-septembre, le juge André Denis, de la Cour supérieure du Québec, a entendu les dernières plaidoiries du procès débuté en janvier 2002 et opposant les trois grands fabricants de cigarettes canadiens au gouvernement. L’industrie conteste la constitutionnalité de la Loi sur le tabac fédérale, laquelle brimerait la liberté d’expression en lui interdisant toute publicité. Pour le gouvernement et pour la Société canadienne du cancer qui plaide à ses côtés, la loi canadienne protège la santé publique tout en autorisant une publicité informative des produits du tabac, en respect avec le jugement de la Cour suprême de 1995.

Depuis l’adoption de la loi canadienne en 1997, les trois fabricants se retiennent d’annoncer leurs produits de manière informative (sans recours aux images de style de vie). Ceci contredirait leur prétention avancée en Cour, selon laquelle la loi est si stricte que la conception de toute annonce devient impossible. En outre, ils peuvent encore publiciser leurs marques par le biais des commandites.

Le juge Denis devrait rendre son jugement avant la fin de 2002. Il est probable que la partie perdante ira en appel, d’abord en Cour d’appel du Québec, encore à Montréal, puis devant la Cour suprême du Canada à Ottawa. Près d’une dizaine d’années se seront donc passées entre le dépôt de la poursuite, dès 1997, et un éventuel jugement de la Cour suprême. Pendant ce temps, la loi s’applique toujours, mais Santé Canada hésite à l’amender pour une plus grande portée, ou à y rajouter certains règlements mordants, comme celui qui interdirait les étalages de cigarettes.

25e anniversaire du CQTS

Le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) a célébré sa 25e année d’activités lors d’une réception qui a suivi son assemblée générale du 18 juin dernier, à la maison de la Société canadienne du cancer de Montréal. Le CQTS fut fondé le 15 mars 1976 à l’initiative du pasteur Erwin Morosoli de l’Église Adventiste du 7e jour, lequel est venu exhorter les militants actuels de la lutte antitabac à poursuivre leurs actions.

Pour l’occasion, l’organisme a publié un cahier racontant ses péripéties, dont les quinze premières années se déroulèrent sans employés, soutenu seulement par une poignée de bénévoles provenant surtout d’organismes de santé. Si le CQTS m’était conté, le cahier de 36 pages rédigé par Mario Bujold et Francine Gagnon, évoque entre autres la crise de la contrebande et la bataille contre les commandites; il peut être posté gratuitement, sur demande au (514) 948-5317.

La réception du 25e anniversaire fut ponctuée d’un discours de Yves Archambault, vaillant fonctionnaire antitabac depuis plus de dix ans au ministère de la Santé et des services sociaux, et d’un numéro de variété de Francine Gagnon, imitant avec brio une militante d’origine italienne du troisième âge. Au cours des dernières années, le CQTS s’est signalé, entre autres, par la coordination de la Semaine québécoise pour un avenir sans tabac et de la Gang allumée pour une vie sans fumée. Il cherche aussi à intenter un recours collectif contre l’industrie du tabac, au nom des victimes de cancer et d’emphysème.

Les revenus du CQTS, qui provenaient déjà en grande majorité du gouvernement provincial, doubleront cette année grâce à un appui supplémentaire de 500 000 $ de Québec. Cette subvention servira à renforcer la promotion de la ligne J’arrête, un service téléphonique d’aide à la cessation. Le Conseil a entamé ce nouveau mandat cet été par la diffusion de publicité sur les autobus et par des messages radio qui ont généré moult appels au 1 888 853-6666. Une autre phase de la campagne est en cours cet automne, utilisant davantage les quotidiens et les relations de presse. Le CQTS besogne aussi à la création d’un site Web d’aide à l’arrêt tabagique de manière à joindre surtout les jeunes qui, bien que très branchés, hésitent à recourir au téléphone. Le site sera accessible à l’adresse www.jarrete.qc.ca en janvier 2003.

Interrogé à savoir si ce rôle de mandataire du Ministère, avec des contrats atteignant près d’un million, handicapait la mission de lobby antitabac du CQTS auprès de ce même gouvernement, le directeur général Mario Bujold n’a pas nié le conflit d’intérêt. « C’est une préoccupation, nous en discutons à l’interne à l’occasion, admet-il. Mais nous n’avons pas tellement le choix : sans le soutien du gouvernement, nous ne pourrions pas faire grand chose. Et les activités financées sont efficaces pour la réduction du tabagisme, ce qui rejoint nos objectifs. »

Bar sans fumée

Le 9 octobre, l’Hôtel Le Cantlie Suites de Montréal a ouvert ce que l’on croit être un premier bar sans fumée au Québec. Désirant offrir un environnement impeccable, le directeur de la restauration, Daniel Fortin, a convaincu ses patrons de se distinguer ainsi de la concurrence. « Compte tenu de la majorité grandissante de non-fumeurs, surtout parmi la clientèle aisée, il est un non-sens que tous les bars agissent comme fumoirs publics », explique-t-il, très enthousiaste.

Le Bar Le Mezz, situé au 1110 rue Sherbrooke Ouest, près de Peel, est ouvert de 16h30 à 24h, sept jours par semaine. Le matin, de 7h à 11h, le déjeuner continental y est servi. Monsieur Fortin est intéressé à accueillir toute activité ou conférence de presse portant sur le contrôle du tabac, surtout en ce qui concerne la protection des non-fumeurs. Renseignements au (514) 844-3951.