Nouvelles brèves

Pas à pas

Inquiète du fort taux de tabagisme chez les femmes défavorisées ou provenant de milieux multiethniques, la Fondation des maladies du cœur du Québec a développé le programme Pas à pas. Projet-pilote financé par Santé Canada, Pas à pas vise à faire connaître les Centres d’abandon du tabagisme (CAT) que l’on retrouve dans les CLSC et la Ligne J’arrête, auprès de ces clientèles particulières.

Des annonces ont été placées dans les journaux et la télévision communautaires, cela dans une douzaine de langues. Un guide d’arrêt tabagique, simple et bien illustré, a été publié en français et en anglais, accompagné d’un second livret axé sur les bienfaits de la marche. Environ huit groupes de 5 à 10 personnes utiliseront ce matériel dès février, tout en prenant part à des activités physiques. Chargée du projet, Annik Léveillé signale que les membres des minorités sont peu nombreux à participer aux initiatives québécoises de masse, tel que le Défi J’arrête, j’y gagne!, et que l’on doit donc les joindre autrement, notamment via leurs centres culturels ou communautaires. On peut contacter Mme Léveillé au 514 871-8038, poste 270.

Les taxes montent en Ontario

Depuis le 1er février, les fumeurs ontariens paient leurs cartouches de cigarettes 1,25 $ de plus. Cette hausse de la taxe provinciale est la quatrième à survenir en moins de trois ans. Le prix moyen d’une cartouche de 200 cigarettes est maintenant de 68 $, soit 8,50 $ pour un paquet de 25 et 6,80 $ pour celui de 20. « L’augmentation de la taxe sur le tabac constitue la prochaine étape de notre plan visant à faire de l’Ontario une province sans fumée, a déclaré le ministre des Finances Dwight Duncan. Les jeunes sont particulièrement touchés par les hausses de prix et nous devons faire tout en notre pouvoir pour les inciter à arrêter de fumer ou à ne pas commencer. »

Par ailleurs, M. Duncan indique que les saisies de tabac de contrebande ont quintuplé au cours de la dernière année et que les condamnations ont augmenté de 36 %. La province a renforcé l’application de sa Loi de la taxe sur le tabac et en octobre 2004, elle a modifié la façon dont les produits du tabac sont marqués, afin de pouvoir détecter plus facilement le tabac de contrebande. Au Québec, une cartouche de cigarettes coûte environ 63,50 $; les taxes provinciales n’ont pas augmenté depuis décembre 2003.

Bulletin du CNCT

Le Comité national contre le tabagisme de France offre maintenant son bulletin d’information trimestriel sur Internet. Parue en décembre, la 159e édition de Santé sans tabac couvre notamment le débat sur la fumée de tabac dans les restaurants et les bars. Ce bulletin de 20 pages est téléchargeable depuis www.cnct.org.

Élections 2006

À la suite des élections du 23 janvier, le chef du Parti conservateur, Stephen Harper, est devenu le 22e premier ministre du Canada. Même s’il vient d’Alberta, la province où la protection des non-fumeurs est la plus faible au pays, M. Harper a de bonnes raisons de se tenir loin de la fumée de tabac. Moins d’une semaine après sa victoire, il a dû être hospitalisé en raison d’une crise d’asthme, rapportait la Presse canadienne.

C’est le député de la circonscription de Parry-Sound-Muskota (Ontario), Tony Clement, qui a hérité du ministère de la Santé. En plus de cette charge, il s’occupera du développement économique du Nord de l’Ontario. Né en Angleterre et immigré au Canada en 1965, M. Clement a étudié les sciences politiques et le droit à l’Université de Toronto.

Même s’il a commencé sa carrière politique en 1995, c’est la première fois que Tony Clement est élu sur la scène fédérale. Auparavant, il a entre autres été ministre de la Santé et de Soins de longue durée de l’Ontario où il s’est démarqué pour sa gestion de la crise du SRAS.

Lorsqu’il était candidat à la chefferie du Parti conservateur, M. Clement s’est prononcé en faveur d’un rehaussement de la contribution du gouvernement fédéral en matière de santé. Tout comme Stephen Harper, il est bilingue et reconnaît l’existence d’un déséquilibre fiscal avec les provinces.

La Ronde écrase

Le parc d’attractions La Ronde deviendra lors de sa réouverture pour la saison 2006, le 13 mai, un des rares endroits extérieurs du Québec où il sera interdit de fumer. Cette politique, commune aux 30 parcs du groupe américain Six Flags, a pour but d’« améliorer le séjour de la clientèle dans un endroit accueillant pour les familles ». Des zones fumeurs seront néanmoins aménagées. Inaugurée en 1967 dans le cadre d’une vaste exposition internationale, La Ronde fut exploitée par la Ville de Montréal jusqu’en 2001, pour être ensuite vendue au géant Six Flags. La nouvelle politique antitabac contraste avec le message autrefois véhiculé par l’International Benson & Hedges, un concours annuel de feux d’artifices qui se tenait à La Ronde. La marque de cigarettes est maintenant remplacée par Loto-Québec, nouveau commanditaire de l’événement.

Matériel éducatif

La firme Directional Learning Canada vient de publier son catalogue 2006 de matériel éducatif contre certains produits nocifs. Vingt des quarante pages de The Substance Abuse Instructional aids catalogue sont consacrées au tabac, alors que le reste traite des autres drogues et de l’alcool. Pour appuyer les interventions des enseignants et des infirmières dans les écoles, on trouve notamment des imitations de dents et de poumons ravagés de fumeurs, des poupées et un fœtus qui fument, des cigarettes molles représentant l’impuissance, des jeux, vidéos, dépliants, affiches, autocollants et macarons de toutes sortes. Le hic, c’est que ces produits (assez dispendieux) sont unilingues anglais, car ils proviennent surtout des États-Unis. Pour obtenir le catalogue couleur illustré, il suffit de téléphoner au (519) 846-5397.

Autobus pour fumeurs à Edmonton

Deux propriétaires de bars d’Edmonton ont trouvé une façon originale de contourner l’interdiction de fumer dans les lieux publics. Ils ont aménagé de vieux autobus scolaires en fumoirs, qu’ils ont isolés et munis d’un chauffage électrique afin d’accommoder leurs clients.

Fin décembre, le Edmonton Journal rapportait que des inspecteurs ont donné leur aval à un des tenanciers, Wally Zack, parce que le véhicule lui appartient personnellement et qu’il est immatriculé et assuré. L’autre propriétaire, Tony Burke, devra lui aussi enregistrer son autobus et l’assurer s’il ne veut pas qu’il soit considéré comme une « partie stationnaire attenante à son établissement », et donc, régie par le règlement.

Depuis le 1er janvier 2006, en Alberta, la Loi sur les endroits sans fumée interdit l’usage du tabac dans tous les lieux publics où des mineurs sont admis. Cependant, les établissements peuvent permettre la cigarette en refusant l’accès aux personnes de moins de 18 ans. Les villes ont le droit d’adopter des règlements plus sévères que la législation provinciale. La capitale, Edmonton, est sans fumée depuis juillet 2005.

Monchoix.ca aux Francs-tireurs

Le 1er février, le groupe de défense des droits des fumeurs monchoix.ca a été la cible de l’émission Les Francs-tireurs, sur les ondes de Télé-Québec. Le reporter Patrick Lagacé s’est rendu dans un spectacle de la Tournée monchoix.ca pour y interroger des artistes et spectateurs, de même que la vice-présidente de l’organisme, Arminda Mota.

La plupart des personnes questionnées lors du spectacle « gratuit » ignoraient qu’il était en fait subventionné, via monchoix.ca, par les cigarettiers. Plusieurs ont même dit qu’elles n’y seraient pas allées si elles l’avaient su. Même Steve Hill, qui était en vedette ce soir là, n’était pas au courant de la provenance de son cachet. Quant aux artistes Polo (de la formation Les Frères à ch’val) et Papillon, qui agissent à titre de porte-paroles, ils semblent vraiment se battre pour la liberté des fumeurs, même si l’un d’entre eux a confié être dépendant de la cigarette et vouloir arrêter de fumer prochainement.

Commandos oxygène

Les Commandos oxygène du Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) dénonceront bientôt le tabagisme vu au petit et au grand écran. Soutenues par Santé Canada, ces équipes de jeunes de 12 à 18 ans, recrutées dans les écoles secondaires, réalisent depuis deux ans des « interventions théâtrales chocs » contre la fumée de tabac ambiante. Plus de 750 activistes, formant 73 commandos, ont jusqu’à maintenant présenté près de 375 manifestations, la plupart du temps déguisés en techniciens combattant des gaz toxiques. Ces militants distribuent à leurs auditoires des cahiers expliquant les méfaits de la fumée de cigarette. Face à l’influence des vedettes auprès des jeunes, les commandos auront désormais une deuxième cible : les scènes de tabagisme au cinéma et à la télévision.

En décembre, le CQTS a rendu un hommage provincial au Commando oxygène de la Polyvalente Nicolas-Gatineau, mené par Cédric Vézina, Isabelle Quirion et Karel Muchmore. Leur équipe a rejoint plus de 6 000 personnes de la région de l’Outaouais lors d’une trentaine d’interventions. Très impliqués, Cédric et Isabelle ont été invités à animer un atelier sur leur activité antitabac à la Retraite nationale des jeunes au début février à Banff, en Alberta. L’Agence de santé publique du Canada y recevait des jeunes de 13 à 29 ans afin de discuter de la prévention des maladies, dont le sida et l’hépatite C. Pour plus de renseignements sur les Commandos oxygène, on peut joindre Linda Couture au 514 948-5317, poste 31, ou visiter le www.cqts.qc.ca/commando.

Recherche sur la loi de 1998

Une équipe de chercheurs, dirigée par Éric Breton, vient de publier un ouvrage sur l’apport des organisations du réseau gouvernemental de santé publique à l’adoption de la Loi sur le tabac québécoise de 1998. Financée par l’Institut national de santé publique du Québec et le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, cette brique de 280 pages est basée sur 39 entrevues, 569 articles de journaux et plus de 200 autres documents. Les auteurs y font l’historique des lois et mesures antitabac des gouvernements canadien et québécois. Ils rappellent notamment la crise de la contrebande des années 1990.

Secondé par Lucie Richard, France Gagnon, Marie Jacques et Pierre Bergeron, M. Breton désirait exposer comment le réseau de santé publique a contribué à faire évoluer la mentalité de la population et des dirigeants politiques vers des mesures étatiques d’envergure contre le tabagisme. La loi de 1998 fut parrainée par le Dr Jean Rochon, alors ministre de la Santé et des Services sociaux. Adoptée à l’unanimité, elle a interdit de fumer dans quelque 300 000 lieux de travail, en plus de mettre fin aux commandites sportives et culturelles du tabac.