Aider les jeunes à écraser

Un projet-pilote veut aider les adolescents à écraser avec l’aide de professionnels de la santé et d’ex-fumeurs dans la jeune vingtaine.

Tous ceux qui ont déjà goûté au tabac le savent : mieux vaut ne jamais s’y initier. Mais une fois qu’on en est dépendant, comment s’en débarrasser? La volonté ne suffit pas tandis que les aides à la cessation comme la ligne J’Arrête rejoignent moins de 10 % des fumeurs. Un projet-pilote financé par la Société canadienne du cancer – Division du Québec vérifie s’il est possible de pousser des adolescents fumeurs à écraser en les entourant de jeunes adultes non-fumeurs et de professionnels de la santé attentifs à leur réalité.

L’adolescence : un bon moment pour écraser

Ce projet, inspiré d’une expérience américaine, « est avantageux d’un point de vue de santé publique », explique Michèle Tremblay, médecin-conseil à l’Institut national de santé publique du Québec et coresponsable du projet. D’abord, la plupart des fumeurs commencent à l’adolescence. Mais, un mois et demi après leur première cigarette complète, le quart d’entre eux veulent déjà arrêter. Malheureusement, plus de la moitié de ceux qui écrasent recommencent… moins d’un mois plus tard. « Les jeunes sont surpris quand ils réalisent qu’ils ont perdu le contrôle, dit Jennifer O’Loughlin, responsable du projet et professeure au Département de médecine sociale et préventive de l’Université de Montréal. Contrairement aux adultes, ils ne comprennent pas tout à fait les mécanismes physiques de dépendance. »

Une aide taillée sur mesure

Pour aider ces jeunes à arrêter – ou à ne pas commencer! – l’équipe propose de leur fournir, sur une période de 12 mois, des informations sur mesure concernant le tabagisme. Concrètement, lorsque ces adolescents consulteront leur médecin, ils se feront poser quelques questions sur le tabac et leur vision de cette drogue. Ils en parleront ensuite un peu plus longuement avec une infirmière, puis échangeront régulièrement avec un « pair aidant » (un ex-fumeur  dans la vingtaine) par téléphone, message texte ou courriel.

Ces conversations partiront toujours des préoccupations des jeunes. « Par exemple, on leur demandera s’ils fument et, si oui, ce qu’ils aiment et aiment moins dans le tabagisme, s’il y a des gens autour d’eux qui fument et comment ils se sentent par rapport à cela », énumère Michèle Tremblay. Les non-fumeurs, quant à eux, seront félicités, puis questionnés sur les raisons qui les poussent à résister.

Un protocole à tester

Ce projet-pilote de deux ans fera appel à environ 325 adolescents de 12 à 17 ans, une vingtaine de médecins et d’infirmières et une dizaine de pairs aidants. « Nous allons vérifier si les médecins et les infirmières ont le temps de mettre en application notre programme, si celui-ci est pertinent, si les pairs aidants arrivent à joindre les adolescents, etc. », dit Jennifer O’Loughlin. Par la suite, l’équipe mesurera scientifiquement l’impact de cette intervention, avec de nouveaux adolescents et un groupe contrôle. Résultats attendus en 2015.

Un jeu pour arrêter de fumer : des volontaires, s.v.p.!

Poison 14 est un jeu en ligne destiné aux adolescents. Son objectif : qu’ils se défassent de la cigarette pendant au moins 14 jours. Ce jeu, développé par le Conseil québécois pour le tabac et la santé (CQTS), amène les adolescents à remplir différentes missions en ligne et dans le vrai monde. Par exemple : faire du sport pour remplacer la nicotine par de l’endorphine ou apprendre une technique de respiration afin de gérer leur stress sans tabac. Le CQTS cherche des testeurs pour la version bêta de Poison 14.

Les intéressés peuvent contacter André Bourgeois : 514 948-5317, poste 224 / abourgeois@cqts.qc.ca.

Anick Labelle